Quel rendement faut-il avoir avec son REER pour dépasser les fonds de travailleurs?
Les privilèges dont jouissent les fonds de travailleurs, à savoir les crédits d’impôt auxquels ont droit leurs cotisants, ne font pas l’unanimité. Du point de vue de l’épargnant, ça ne reste pas moins un avantage considérable.
À la clé, 30 % ou 35 % de crédit d’impôt, selon qu’on choisit le Fonds de solidarité de la FTQ ou Fondaction de la CSN.
C’est ce qu’on appelle « partir avec une longueur d’avance ».
La grande question : dans un REER ordinaire, quel rendement dois-je obtenir sur mon investissement et combien de temps faut-il pour rattraper et battre un placement REER qui part avec un avantage de 30 % (lui-même net d’impôt) ?
Je vais me concentrer ici sur le Fonds de la FTQ dont l’historique de rendement remonte à beaucoup plus loin.
Je souligne qu’on ne peut plus y cotiser en cette saison REER, le fonds a déjà fermé ses portes aux contributions forfaitaires pour l’année 2020.
Les rendements du fonds
Le Fonds de solidarité connaît d’excellents rendements depuis dix ans, il a même surpassé durant cette période le principal indice de la bourse canadienne, le TSX.
Son rendement composé s’élève à 6,97 % sur dix ans, contre 5,82 % pour la bourse canadienne (sans compter les dividendes, qui redonnent l’avantage à la bourse).
Au cours des cinq dernières années, le fonds a affiché un rendement composé plus élevé encore de 7,49 %.
En fait, il faut se reporter sur une période de vingt ans pour le prendre en défaut.
La valeur des parts n’a pratiquement pas avancé durant les années 2000, notamment en raison de la crise financière survenue à la fin de la décennie.
Depuis vingt ans, son rendement composé paraît donc moins brillant, à 3,46 %.
Il faut prendre tous ces chiffres avec un grain de sel, je vous les rappelle à titre indicatif.
En placement, le passé n’est pas garant de l’avenir.
Il faut du temps !
Pour nos calculs, nous avons comparé deux scénarios très simples : une seule cotisation de 1000 $, dans le Fonds de solidarité d’un côté et dans un REER ordinaire de l’autre.
Dans les deux cas, nous avons présumé que la contribution donnait droit à un remboursement de 40 %.
Cet argent et, le cas échéant, celui du crédit du fonds de travailleur (30 %) sont réinvestis à côté, dans un compte non enregistré qui procure le même rendement que le REER ordinaire.
Ce détail est fondamental.
Si le crédit d’impôt sert plutôt à rehausser le forfait de vacances dans le Sud, le REER du fonds de travailleurs perd son principal avantage financier (bien que, sur le plan matériel, il puisse ouvrir l’accès à un meilleur buffet à Cayo Coco durant une petite semaine).
Nous avons retenu comme hypothèse un rendement composé de 4 % pour le REER du Fonds de solidarité et de 6 % pour le REER ordinaire.
REER ordinaire 6 % de rendement
Non enregistré (6%)
Total ce que 1000$ Avec le crédit d’impot réinvestit dans votre RÉER chaque année
Total:
2736 $ après 5 ans impôts déduits
REER de fonds de travailleurs, 4 % de rendement :
Total ce que 1000$ Avec le crédit d’impot réinvestit dans votre RÉER fond de travailleur chaque année
Total:
2735 $ après 5 ans impôts déduits
Alors, que se passe-t-il ? Avec ces paramètres, il faudra 20 ans à celui qui opte pour le REER ordinaire pour rattraper l’autre qui a choisi le fonds de travailleurs. Si on abaisse le rendement du Fonds de solidarité à son rendement de 20 ans (3,46 %) et si on remonte à 7 % (le double) celui du REER ordinaire, ce dernier sera en rattrapage durant 13 ans, et pour peu qu’il ait du souffle.
Maintenir un rendement de 7 % sur une longue période, et ce, après avoir payé des frais de gestion, ce n’est pas une mince affaire !
Autres avantages et inconvénients
Le rendement du fonds n’est pas garanti, pas plus que celui d’un portefeuille équilibré dans un REER ordinaire.
Au moment de la cotisation, le seul élément assuré, c’est le crédit d’impôt de 30 %. Plus on approche de l’échéance du placement, la retraite, plus le crédit d’impôt devient difficile à battre.
Sur un horizon plus lointain, il peut être frustrant cependant d’avoir des actifs immobilisés dans un fonds de travailleurs.
Quelqu’un qui développe avec le temps des aptitudes en investissements ne peut rapatrier cet argent pour le gérer lui-même, à moins de payer une pénalité.
Retirer son argent d’un fonds de travailleurs est plus compliqué. C’est irritant, mais ç’a du bon. Ça protège l’investisseur de décisions impulsives et malheureuses, comme on l’a vu au printemps dernier.
Les placements dans ces fonds sont aussi beaucoup moins volatils que des placements boursiers.
On peut s’interroger sur les méthodes d’évaluation des actifs des fonds de travailleurs, mais il n’en reste pas moins que leurs variations donnent moins mal au cœur à l’investisseur.
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